Introduction

 

Progresser dans la vie spirituelle ou dans sa relation avec le Seigneur est bien difficile quand on reste seul. Nombreux sont ceux qui, dans l’histoire de l’Église, comme grands maîtres, ont montré le chemin de perfection chrétienne à leurs disciples par le biais de l’accompagnement spirituel[1]. Aujourd’hui encore, cette pratique traverse de multiples sphères de la vie sociale.

On parle de l’accompagnement des cadres dans la sphère de l’entreprise, de l’accompagnement spirituel dans la sphère religieuse, de l’accompagnement scolaire, de l’accompagnement des personnes en fin de vie, des handicapés, des chômeurs, des personnes âgées, des migrants, des communautés de foi, etc. Là où se manifestent des situations socialement et psychiquement intolérables caractérisées par une rupture des virtualités ayant une valeur existentielle (échec scolaire, deuil, …), se mettent en place des dispositifs d’accompagnement. Ceci confirme le fait que la personne humaine a besoin de se sentir accompagnée tout au long de son existence, dès la naissance jusqu’au jour de sa mort[2]. Il s’agit là, d’une réalité à la fois anthropologique et ecclésiale indéniable. 

C’est ce que souligne le pape François quand il s’adresse aux prêtres à l’occasion des 160 ans de la mort de saint Jean-Marie Vianney, le Curé d’Ars, dans sa Lettre du 4 août 2019    : « Je vous encourage à ne pas négliger l’accompagnement spirituel, à avoir un frère avec qui parler, confronter, discuter et discerner, en pleine confiance et transparence, son propre chemin ; un frère sage avec qui vivre l’expérience de se savoir disciple. Le chercher, le trouver et profiter de la joie de vous laisser guider, accompagner et conseiller. C’est une aide irremplaçable pour pouvoir vivre le ministère en faisant la volonté du Père (cf. Hb 10, 9) et laisser le cœur battre avec « les dispositions qui sont dans le Christ Jésus » (Ph 2, 5).  Qu’elles nous font du bien les paroles de l’Ecclésiaste « Mieux vaut être deux qu’un seul… S’ils tombent, l’un relève l’autre. Malheur à l’homme seul : s’il tombe, personne ne le relève » (4, 9-10) ». Sans doute, cette tâche de l’accompagnement exige-t-elle une formation.

Mais on peut aussi vite percevoir qu’à elle seule, la formation (théologique ou humaine) assurée dans nos institutions ne suffit pas pour que l’homme fasse route dans la vie spirituelle. En tant qu’art, l’accompagnement suppose un don, un charisme, une expérience des choses spirituelles et un minimum d’équilibre personnel. Plus que jamais, l’église a besoin de personnes qui s’appuyant sur leur expérience d’accompagnement, connaissent la manière de procéder, où ressortent la prudence, la capacité de compréhension, l’art d’attendre, la docilité à l’Esprit, pour protéger les brebis des loups qui tentent de disperser le troupeau[3]

En ce sens, l’expérience de l’accompagnateur devient le lieu de départ de son activité d’écoute. Il est un fait que de par sa nature, l’écoute nous décentre de nous-même, c’est-à-dire que les paroles entendues vont jusqu’à atteindre l’espace propre de celui qui écoute ; sa culture, son histoire, sa position sociale, son éducation, sa structure psychologique, sa vie affective, son expérience spirituelle. Celui qui se dit, se dit aussi à partir de ses propres lieux d’attente, de souffrance, de joies et d’espoirs.

Toutes les dimensions de notre vie constituent des lieux de résonnance où la parole écoutée va trouver un écho. Lieux de toutes les chances et de tous les risques pour la parole. Comment alors faire de l’accompagnement spirituel un lieu d’écoute et de parole pour les interlocuteurs en présence (accompagnateur/accompagné) ?

Il est vrai que l’acte de parler est déjà un geste fraternel, celui de se dire en face de quelqu’un d’autre. Parler et ne pas être entendu est une grande souffrance. En ce sens, comment faire de l’accompagnement spirituel un lieu où l’écoute permet à chacun de devenir lui-même en disant sa détresse ou son espoir, et de reprendre pied dans son histoire en y découvrant aussi la trace de Dieu ?

Ce sont là, les préoccupations qui nous ont poussées à articuler le sujet de notre travail :

« ACCOMPAGNEMENT SPIRITUEL : LIEU D’ECOUTE ET DE PAROLE ». 

Et parce que l’église ne cesse d’encourager ses membres à se laisser accompagner dans le temps et dans l’espace, l’importance et l’intérêt de notre sujet sont d’actualité. 

Pour atteindre notre but, nous opterons pour une approche thématique et organiserons notre étude en trois points principaux. Le premier montrera comment le ministère d’accompagnement spirituel peut être un lieu d’écoute et de parole. Le deuxième révèlera le sens de l’écoute et la valeur de la parole en milieu africain.  Ici, nous n’aborderons que des questions préliminaires, d’ordre général, le sujet étant tel qu’on ne saurait l’épuiser en quelques pages. Il nous sera enfin utile dans un troisième moment, d’examiner le directoire de formation des sœurs de la Charité de Jésus et de Marie pour en dégager l’importance. Une conclusion générale reprendra les grandes lignes du travail accompli.

Accompagnement spirituel : lieu d’écoute et de parole.

Parler et écouter sont deux termes indissociables qui disent l’être ensemble. L’acte de la parole et l’acte de l’écoute sont constamment imbriqués en l’homme. La parole et l’écoute sont le contrat de base d’un groupe, tout autant que celui de la relation entre deux personnes.

Il n’y a pas de vraie rencontre avec autrui sans l’écoute. 

Dans le rôle de l’accompagnement spirituel, l’écoute est plutôt l’attitude par laquelle l’accompagnateur se décentre de lui-même pour se tourner vers le prochain qui est son frère dans la foi. Il doit pouvoir mobiliser son attention dans un laps de temps plus ou moins important, suivant la longueur et la précision d’un message et accueillir, non seulement la personne, mais aussi, une parole qui vient d’un autre[4].

Ceci exige à la fois, un cœur qui écoute, une relation étroite avec soi-même, une expérience personnelle de vie profonde avec Dieu et une maturité humaine. Il s’agit d’une écoute spirituelle qui favorise une ouverture à autrui et une acceptation de l’autre tel qu’il est. L’écoute revient alors à ouvrir non seulement les oreilles et l’intelligence, mais aussi et surtout le cœur et l’esprit. L’accompagnateur est là pour aider l’autre, par son écoute attentive et respectueuse, à reconnaître l’action de Dieu, à entendre sa Parole et à y répondre. Ecouter l’autre en lui laissant le temps de traverser ses émotions, d’exprimer ses joies et ses espoirs, sa tristesse et ses angoisses (cf. Gaudium et Spes 1) pour pouvoir les porter devant Dieu. « Une véritable écoute, écrit Jean Artaud, peut favoriser l’expression de l’interlocuteur et l’aider à expliciter une difficulté présente, souvent indicible, de sa vie, de son histoire, de sa détresse ou de son espérance ». [5]

Une telle écoute n’est possible que dans un contexte de silence intérieur et extérieur. En offrant sa présence désintéressée grâce à une volonté de non-jugement, en refusant de préparer sa réponse tandis que l’autre parle, en veillant à ne pas projeter sa propre expérience sur celui qui vient de se confier, l’accompagnateur apprend à s’écouter lui-même en écoutant se dire l’autre.[6]  Car, l’écoute de l’autre renvoie à sa propre écoute et la parole de l’autre renvoie à sa propre parole. Porté par la foi et la prière, avant de prendre la parole comme  accompagnateur, il lui est essentiel de se taire et de faire silence. Non seulement se taire de mots mais faire taire aussi ses propres préjugés, ses idées, sa perception, sa conception personnelle des choses. En d’autres termes, en même temps qu’il écoute, il doit savoir se taire pour s’écouter écoutant parce qu’en entendant l’autre se dire, il se voit lui-même confronté à ses propres faiblesses et fragilités. 

Effectivement, ce silence est nécessaire pour qu’il se mette le plus totalement possible à la disposition de son interlocuteur et pour communier avec lui, au-delà d’une simple communication verbale et intellective. Le Pape Paul VI va même plus loin en soulignant qu’il faut avant de parler, écouter la voix, voire le cœur de l’homme.[7] C’est l’évangélisation selon saint Jean-Paul II : « Quand je rencontre des jeunes où que ce soit dans le monde, je suis d’abord attentif à ce qu’ils veulent me dire sur eux, sur la société, sur l’Église. Je leur dis : ce n’est pas ce que j’ai à vous dire qui compte le plus : l’important, c’est ce que vous me direz »[8].  C’est cette pédagogie que Jésus déploie avec Nicodème, la Samaritaine ou avec les disciples d’Emmaüs[9]. Il leur laisse exprimer tout ce qu’ils ont sur le cœur avant d’intervenir. Sa parole alors porte du fruit, éveillant leur désir de rester en sa compagnie. Après la rencontre avec son accompagnateur, comme les disciples d’Emmaüs, l’accompagné doit être en mesure de relancer sa marche : « A l’ instant même, ils partirent et retournèrent à Jérusalem ».

Ce n’est que lorsque l’accompagnateur atteint cette disposition intérieure, qu’il est en mesure d’accueillir l’autre dans son espace intérieur à lui, tel qu’il est, dans ce qu’il éprouve, sa solitude, sa tristesse, ses remords, sa révolte, sa colère, ses difficultés, ses potentialités, son impuissance, son histoire, son langage, son style, pour commencer à le voir dans son unicité[10].  Il y a là, un jeu de parole et de silence à observer, un équilibre à cultiver et une capacité indispensable de perception des mouvements internes et externes. Le silence, l’écoute et la parole occupent l’espace entre Dieu, l’accompagnateur et l’accompagné dans une relation triangulaire.

Assurément, Dieu se dit et se tait. L’accompagnateur comme l’accompagné, sont tous deux invités, non seulement à écouter la parole du Seigneur, mais bien plus encore à la méditer et à entrer en dialogue avec Dieu en premier. Se faisant, ils préparent sans le savoir leur rencontre à eux deux. L’accompagnateur devra continuellement se nourrir de la parole de Dieu et se laisser guider par l’Esprit pour parvenir à aider l’autre à se tourner toujours davantage vers Dieu. Étant donné qu’il reçoit mandat par l’église d’exercer sa fonction d’accompagnateur, il doit lui-même aussi se faire accompagner, se situant ainsi dans la tradition ecclésiale.    

De son côté, l’accompagné se voit invité à faire confiance pour laisser l’accompagnateur aller au-delà de la parole en l’écoutant se dire. Ainsi, il peut se sentir accepté, accueilli, aimé et respecté. Le lien qui se crée (ni autoritaire, ni paternaliste) est basé non sur la dépendance mutuelle mais sur la recherche essentielle de la vérité, du chemin du Seigneur. 

A mon avis, c’est cette réciprocité de confiance et de respect, qui fait de l’acte même de l’accompagnement spirituel, un lieu d’écoute et de parole. L’accompagnement spirituel est le lieu privilégié où la distance peut être franchie et donner à la communication sa plénitude.

Aussi faut-il souligner que l’acte de la parole et de l’écoute est très difficile. 

Limites de la parole et de l’écoute

C’est un travail difficile que d’écouter, de saisir à la fois ce qui est dit et le non-dit. Écouter demande présence et disponibilité tandis que parler au sens de se dire, c’est toujours prendre le risque de se livrer à un certain contrôle. Il ne s’agit pas d’une rencontre amicale où l’attention, l’accueil chaleureux suffisent. L’acte de parole et d’écoute a ses exigences de part et d’autre, dans l’accompagnement spirituel.

Du sujet qui se dit par la parole, on attend le vrai désir d’une vie chrétienne personnelle, le souci de reconnaître les chemins du Seigneur, de se conformer à sa volonté et de s’y engager fermement. Et du côté de celui qui accompagne, la capacité de transmettre à l’autre la certitude d’avoir été compris dans ce qu’il dit et dans ce qu’il vit. De sorte que l’accompagné trouve par lui-même la preuve d’avoir été entendu et accepté en se disant. Son écoute doit aider l’autre à discerner, à voir plus clair pour faire des choix de vie. 

L’accompagnateur devra éviter de tomber dans la tentation d’avoir tout compris, d’avoir des présomptions, de rompre le flux des paroles de l’autre pendant qu’il se dit. Sachant qu’en l’écoutant se dire, il reçoit des informations qui progressivement, façonnent une image de celui qui parle, qui peut faire obstacle à une approche en profondeur de ce qui se dit. La subjectivité et les préjugés peuvent s’ériger en mur ou parasiter l’acte même d’écouter.  

Celui qui se dit peut aussi, volontairement ou inconsciemment, jouer avec les mots et ne pas laisser percevoir clairement le sens de ce qu’il dit[11].  On comprend alors l’importance de cet avertissement évangélique : « Prenez donc garde à la manière dont vous écoutez ! » (Lc 8, 18). On découvre que l’accompagné n’est pas un objet « manipulable » dont l’accompagnateur pourrait disposer à sa guise mais un sujet dont l’humanité et l’altérité doivent être pleinement reconnues, un individu qui mérite respect et attention. Il y a à écouter en profondeur, à accueillir, à se disposer à entendre les faux pas de l’autre, à servir, à ne pas juger mais à permettre que l’autre grandisse dans la liberté, développe sa propre capacité de discerner et progresse dans sa relation à Dieu.  

L’ouverture est aussi fondamentale dans la relation d’accompagnement spirituel. Elle consiste en « la disponibilité à laisser apparaître ce monde souvent chaotique qui vit à l’intérieur de soi, avec ses ambitions et ses frustrations, ses espérances et ses peurs, ses blocages et ses blessures, ses anges et ses démons »[12]. Elle représente un acte qui permet à l’accompagné de se relier à l’accompagnateur en verbalisant ce qu’il vit. Comme le souligne Jean-François Malherbe : « Il faut enfin que je me laisse travailler par l’autre pour que du sens advienne. Que je me laisse démasquer par l’autre »[13]. Ce sont là des signes clairs qu’il est difficile d’écouter et qu’on ne vit pas la dimension relationnelle de l’écoute et de la parole en dehors de la foi et de la confiance. Toute relation d’accompagnement spirituel, dans n’importe quelle tradition, fondée sur de mauvaises bases, court le risque d’une dérive. 

L’accompagnement spirituel face à la tradition africaine

L’Afrique consacre une part essentielle de sa vie à l’usage de la parole et à l’écoute. On pourrait dire que la parole a pour fonction première, la communication. Un des lieux le plus connu, où se concrétise les enjeux de la parole et de l’écoute est symboliquement l’arbre à palabres. C’est l’espace où pour préserver la cohésion sociale, on écoute jusqu’à ce que le sens vienne non de la théorie, mais de l’intérieur même de la parole qui transporte le message. Car tous savent qu’une blessure que l’on cache continuellement ne guérit pas, et qu’il vaut mieux traiter les problèmes que les accumuler avec regret. L’arbre à palabres est un lieu traditionnel de rassemblement, à l'ombre duquel on s'exprime sur la vie en société, les problèmes du village, la politique. Le lieu aussi où les enfants viennent écouter un ancien du village raconter des histoires qui les préparent à affronter conflits et contrariétés.

C’est également l’endroit où la parole, une fois libérée, diffuse une énergie créatrice. Parler sous l’arbre à palabres, c’est exhaler une essence active, de sorte que la parole prononcée peut non seulement protéger, mais aussi changer le cours des événements[14]. Cette complexité de la parole fait que l’acte de parler ne se réduit pas à user de mots pour communiquer mais est habité par une certaine intention.

Outre la fonction communicative et gardienne de la cohérence sociale, la parole, sous l’arbre à palabres, a aussi une fonction didactique, c'est-à-dire qu’elle est destinée à instruire, à enseigner les connaissances indispensables à la vie, à transmettre les valeurs culturelles entre les générations. Les griots et les forgerons dépositaires de la tradition, se servent de contes, mythes, chants, proverbes, devinettes, danses, légendes, maximes, fables, dictons, récits épiques, épopées pour graver la mémoire collective, livrer un message, donner un enseignement, véhiculer une leçon morale, lancer une invitation à l’existence ou inculquer une valeur culturelle. 

Tous ces genres de l’oralité sont des lieux énergétiques où l’on apprend à maîtriser la destinée humaine et à vivre comme des hommes dignes de considération dans la société. Les professionnels de la parole se chargent de rattacher l’homme africain à son passé tout en lui permettant de construire son avenir. A ce sujet, Amadou Hampaté BA écrit : « Je suis un diplômé de la grande université de la parole enseignée à l’ombre des baobabs »[15].

En principe, la jeune génération en grandissant devra porter les leçons du passé, se les remémorer et les intégrer. L’oreille, par sa forme symbolique, se présente comme le réceptacle, le lieu d'accueil de la parole de sorte qu’on qualifie celui qui agit dans le sens contraire de la parole prononcée, comme quelqu’un qui n’a pas d’oreilles. Mais, au-delà de l’oreille comme organe, c’est l’ouïe comme faculté qui est sollicitée. Écouter devient non seulement prêter l’oreille à la parole, mais la mettre en pratique, lui obéir.

A côté des griots et des forgerons, considérés comme détenteurs de la parole et comme mémoire sociale du groupe[16], les personnes âgées et les anciens (vétérans/sages) sont aussi des sources disponibles qui, dégagées des corvées quotidiennes, mettent leur expérience et leur mémoire au service de la communauté. Ils sont à la fois une référence pour la communauté et une charnière entre les générations. Ils servent de trait d’union entre le passé et le présent. C’est à eux qu’on confie, dans la plupart des cas, les cases initiatiques. 

C’est à ce niveau qu’intervient l’accompagnement collectif et individuel dans l’Afrique traditionnelle. Plus que jamais, l’ancien guide par la parole. Et cette parole est très importante parce qu’elle résulte du rapport de l’ancien au monde. L’ancien est celui qui ne parle et n’agit qu’après réflexion et discernement. Il sait aussi que dans certains cas, le silence est plus sage que la parole, qu’il est plus profitable que l’abondance de mots. Il surveille sa langue pour ne pas ouvrir sa bouche n’importe où, n’importe quand, n’importe comment, à n’importe qui. Sa parole porte en elle-même un sens, une signification et ne se dit pas fortuitement. Naturellement, l’ancien observe, explique et interprète les faits, les règles de la nature, les comportements humains, les relations sociales pour orienter les individus, en tenant compte des besoins, circonstances, contextes et catégories des personnes.

C’est cette force de la parole accueillie et respectée qui va éclairer et orienter la postérité. Le sujet qui écoute l’ancien est appelé à s’inscrire dans la tradition tout en gardant un rapport d’ouverture vers la source, les ancêtres. C’est dans ce processus d’intériorisation de la tradition comme lieu d’écoute, que s’effectue l’intégration de l’individu dans la société. Un proverbe Ethiopien dit : « Écoute avant de parler, mâche avant d’avaler ». Le respect qui est dû à l’ancien, à sa parole, s’explique par le fait que la longue expérience de la vie lui a permis d’être suffisamment à l’écoute, d’assimiler la tradition pour être à son tour, capable de gérer la vie et de remplir la fonction de guide. Ainsi, la mort d’un ancien est une perte énorme pour toute la communauté. C’est pourquoi Amadou Hampaté Bâ dit : « En Afrique, chaque vieillard qui meurt est une bibliothèque qui brûle »[17].

C’est cette forme d’accompagnement traditionnel africain que nous percevons dans la pratique de l’accompagnement spirituel personnel ou collectif chez les pères du désert en Egypte (Scété, Kellia et Nitrie) vers le IVème siècle. L’une des caractéristiques de ce phénomène spontané de retrait au désert est que celui qui, par une pratique intense du désert, est devenu expérimenté, introduise à son tour d’autres dans l’expérience. C’est un peu entrer dans la case initiatique pour en sortir homme mûr. Les premières générations qui ont peuplé les déserts de l’Égypte à la suite d’Antoine se sont toutes inscrites dans cette logique, où pour former les nouveaux venus, l’expérience recourait à une méthodologie de la « direction spirituelle ». Pour ce faire, le disciple devait partager la vie et la cellule de l’Ancien, ou en construire une à proximité de celle de son maitre. Cela exigeait une soumission entière à la parole de l’Ancien.  

En parcourant les apophtegmes[18] des pères du désert, on voit qu’au cœur de la pédagogie du désert, le disciple reconnaissait dans le maitre spirituel « un Ancien » auquel il devait communiquer les pensées qui s’agitent en lui. Ici, le mot « Ancien » ne désigne pas un homme âgé, mais celui qui, par une pratique intense du désert est devenu apte à discerner l’authentique de l’apparent. C’est un homme spirituel qu’il faudra imiter en toutes choses. Abba Joseph nous livre un témoignage : « Un jour, nous sommes assis avec Abba Poémen. Il parle d'Abba Agathon. Nous lui disons : "Agathon est bien jeune. Pourquoi l'appelles-tu Abba ?". Abba Poémen dit : "Parce que sa bouche fait de lui un Abba" ». Il s’agit plus de la parole qui sort de la bouche que de la bouche elle-même. 

Au désert, la « grâce » de la parole est également reconnue à l’Ancien. Cela transparait dans une formule : « Abba, dis-moi une parole ». C’est la chance du disciple d’avoir un sage, un Ancien dont la parole éclaire l’avenir. Le disciple qui s’exprime de la sorte, ne s’attend pas à recevoir de longs enseignements ; il est plutôt en quête d’une étincelle ou d’une direction à donner à sa vie.  Du coup, la relation se joue, non sur le terrain de la connaissance, mais sur celui de la confiance, de l’ouverture, de la disponibilité, de l’obéissance et de la foi. La sagesse d’un père spirituel n’est rien sans l’humble écoute de celui qui veut devenir son fils. Écouter c'est prêter l'oreille pour entendre. Entendre c'est percevoir, discerner par l'ouïe. C'est aussi percevoir par l'esprit, c’est comprendre.

D’où le récit célèbre (cf. les apophtegmes) de l’Ancien qui, pour éprouver l’obéissance de son disciple, lui ordonne d’aller tous les jours chercher de l’eau et d’arroser un bout de bois planté en terre. Celui-ci le fait sans discuter. Au bout d’un an, selon certains textes, le bâton est toujours sec, selon d’autres il a fleuri. Dans tous les cas, le disciple a montré sa fidélité : il est devenu lui-même un juste, un grand arbre portant de beaux fruits.  L’écoute, l’obéissance, la disponibilité, la confiance et l’ouverture ne sont que des moyens par lesquels l’Esprit saint, à travers les conseils d’un Ancien, transforme le cœur d’un disciple. L’Ancien authentique sait que sans ces vertus, il ne peut faire grandir son disciple.  Sa parole ne peut être donnée si elle n’est pas accueillie pour être pratiquée. Saint Antoine disait : "Autant qu'il est possible, le moine doit confier aux anciens le nombre de pas qu'il fait et le nombre de gouttes d'eau qu'il boit dans sa cellule, pour savoir s'il est bien dans la vérité". Si l’autorité de la parole repose sur la puissance de l’esprit qui inspire l’Ancien qui la profère, l’efficacité de celle-ci dépend totalement de la foi avec laquelle cette parole est accueillie par le disciple. Tout comme dans la tradition africaine, l’Ancien n’a qu’un objectif : la maturité spirituelle du disciple. Inviter l’autre à se mettre débout, à marcher, à exister, à être responsable, c’est le vouloir pleinement vivant. 

Si les points de convergence semblent indéniables, les lieux de divergence sont plus déterminants. On aura remarqué que dans le contexte spirituel des pères du désert, l’écoute est fondamentalement une obéissance-confiante où prédomine la recherche d’une relation d'amour avec Dieu. En revanche, en contexte traditionnel africain, l'écoute apparaît comme un ordre moral auquel le sujet est contraint d'obéir.  Autrement, il court le risque de n'être pas intégré dans la communauté. 

En milieu traditionnel africain, l’écoute exige la mise à exécution scrupuleuse de la parole inscrite dans la tradition que l’ancien doit faire observer.  Le sujet de l'écoute est mis en demeure d'exécuter purement et simplement la parole communiquée par l'ancien et véhiculée par la tradition. L’expression d’une quelconque liberté est signe d’insoumission, de manque d'éducation et de respect à la tradition, voire à la personne de l'ancien[19].

Dans l’accompagnement des pères du désert, l'écoute-obéissante n'évoque pas une idée de contrainte, de soumission aveugle, mais une libre adhésion du cœur, un acte de foi, d’ouverture au Dieu d’amour. Tout comme dans la tradition africaine, l’accompagnateur se sert de son expérience, mais il n’y renvoie pas la personne accompagnée qui a son propre chemin à discerner et à recevoir de Dieu.  

Qu’il s’agisse de l’accompagnement spirituel traditionnel africain ou de celui des pères du désert, la parole est la mesure d’un homme, elle n’a nulle part plus de valeur que lorsqu’elle est exprimée par un ancien et accueillie par un disciple. La place de la parole et de l’écoute dans la société africaine est donc incontournable, c’est elle qui réunit l’Afrique. Voyons à présent quelle est la place de la parole et de l’écoute dans l’accompagnement spirituel chez les SCJM. 

L’accompagnement spirituel dans le Directoire de Formation des sœurs de la Charité de Jésus et de Marie.

A côté de l’érémitisme, une autre forme de vie monastique appelée cénobitisme a fleuri au désert grâce à Pacôme (296-346). Ce développement ultérieur va introduire un changement considérable dans la pratique de l’accompagnement spirituel. On va passer progressivement, de la culture de la parole de l’Ancien à la pédagogie de la Règle de vie monastique. La pratique va s’étendre dans le temps et dans l’espace, de l’Orient vers l’Occident. La parole de l’Ancien devient précepte et l’écoute devient pour tout disciple, synonyme de l’observance très exacte de la Règle, surtout en absence de l’Ancien. Le maitre et le disciple auront désormais à suivre la Règle ensemble. Cela veut dire que toute la trame de la vie quotidienne jusqu’en ses manifestations les plus extérieures, tous les exercices de la vie spirituelle jusqu’au moindre détail de l’examen particulier seront vécus par eux dans cette perspective nouvelle[20].

Sur ce point, on trouve ce qui suit, dans la Règle de saint Benoit, qui régit la vie de presque tous les monastères du royaume franc vers la fin du VII e siècle : « Écoute, ô mon fils, ces préceptes de ton maitre et tends l’oreille de ton cœur. Cette instruction de ton père qui t’aime, reçois-la cordialement et mets-la en pratique effectivement. »[21]

C’est dans ce double prolongement, des pères du désert et de la tradition de la Règle, que s’inscrivent plusieurs courants de spiritualités religieuses. Se situant à la fois dans la tradition cistercienne grâce à Bernard de Clervaux et vincentienne grâce à Vincent de Paul (leurs saints patrons), les sœurs de la charité de Jésus et de Marie[22] ne font pas exception à la réalité. Elles sont appelées à mener une vie contemplative dans l’action. 

Lorsqu’on examine les documents historiques de la Congrégation, on remarque que le fondateur lui-même, le RP Pierre Joseph Triest[23] a assuré l’accompagnement spirituel de la première génération des sœurs.  Parmi les six premières candidates, une était déjà sa pénitente, alors qu’il était curé de sa paroisse.  Dans la perspective d’une fondation religieuse, on peut percevoir que l’accompagnement spirituel consistait à ne pas opposer de résistance à l’esprit de Dieu à l’œuvre dans les cœurs et dans l’histoire. Il fallait chercher la volonté de Dieu et se remettre entre ses mains, comptant sur sa providence. 

Les données de la retraite précédant la prise d’habit ressemblent fort à une retraite d’élection dans la tradition ignacienne. La première génération des SCJM a eu la chance d’être accompagnée spirituellement (matériellement aussi) par le fondateur lui-même.  Les documents historiques rapportent les rencontres régulières où chacune lui découvrait les profondeurs de son âme, les retraites qu’il prêchait ou accompagnait, les conférences où il éclairait et encourageait les sœurs, les méditations sur quelques passages de la Bible et la mise par écrit de la Règle primitive[24][25]

Après lui, ses successeurs et la co-fondatrice auront la charge de gouvernement de la congrégation     jusqu’à ce que l’autonomie soit reconnue aux sœurs[26]. Pendant ce temps, Mère Placide comme co-fondatrice, assure l’accompagnement spirituel des sœurs. Elle avait pour devise : « Vive Jésus, vive la joie, vive la croix ». Elle commente cette idée ou pensée dans une de ses instructions religieuses : « J’appelle croix de Jésus, tout ce qui fait souffrir et qu’on doit accepter de la main de Dieu avec résignation ou mieux encore avec reconnaissance et amour tels que : persécution, contradiction, crainte, scrupule, désolation, dégoût des choses spirituelles, indifférences, attrait vers le mal, remords, découragement, tentations. Toutes ces misères sont la croix de Jésus. ».  

Cette explication confère à sa tâche de guide spirituelle sa marque originale et fonde d’une manière spécifique la nécessité de l’accompagnement spirituel. On peut dire qu’il s’agira dans sa fonction d’accompagnateur, d’une assistance dans le « discernement des esprits » qui agitent et traversent l’âme. Cela implique pour le disciple, une écoute attentive de la parole de l’accompagnatrice, mais aussi de soi- même, c'est-à-dire, la connaissance et l’interprétation des différents penchants naturels et surnaturels, des motions et états de son âme. Mère Placide résumera pour ses filles spirituelles les principaux moyens de perfection sous la forme d’un code en 7 articles :

1) S’abandonner parfaitement à la volonté divine même en ce qui concerne les exercices spirituels. 2) Ne pas trop désirer la consolation sensible mais se contenter de la substance de la dévotion : c’est-à-dire avoir cet esprit de foi courageux qui porte l’âme à faire avec joie ce que Dieu demande d’elle (Ps 117) (se confier au Seigneur). 3) Faire ce qu’on doit faire et ne pas se fatiguer inutilement à faire ce que Dieu ne demande pas. 4) Se défier des désirs trop violents qui s’élèvent dans l’âme. Ils peuvent être bons, mais ils peuvent aussi être opposés à la volonté divine : le discernement se fera mieux quand la violence du désir se sera calmée. 5) Obéir. 6) Aimer la croix. 7) Être simple, dilater son cœur en Dieu, vivre dans la joie.

De même qu’une personne est distincte des autres et irremplaçable en ce qu’elle a d’unique devant Dieu et le monde, mère Placide a su suivre le chemin tracé par la providence divine et réaliser ainsi une vocation absolument originale parmi ses sœurs. 

Pour ce qui est de l’accompagnement spirituel à l’étape initiale, sœur Maria Judoca Lammens, une des six premières candidates, a été pendant une longue période maitresse des novices avant de succéder à mère Placide comme supérieure générale. D’après les témoignages, elle était un modèle de droiture et de simplicité, incarnant la stricte observance de la règle au point d’être surnommée « Règle vivante ». Cette qualification est très importante parce qu’à cette époque, toutes les sœurs ne savaient pas lire. C’est dire que la parole de « l’ancienne » restait nécessaire autant que l’obéissance à la Règle, synonyme de l’écoute, était fondamentale surtout en l’absence du Fondateur. On peut même dire que cette mise en pratique de la Règle a fait naitre une tradition pour la Congrégation. Désormais, la sœur chargée de la formation et de l’accompagnement spirituel devait donner non seulement sa propre parole, mais aussi se référer à l’expérience des générations précédentes, aux écrits du Père Fondateur, au testament de Mère Placide et aux saintes écritures.

Aujourd’hui, nous trouvons écrit dans le Directoire de Formation Initiale comme dans les Directives Générales pour la Formation Continuée  ce qui suit : « la formation est un processus qui dure toute la vie » ; « Sa visée immédiate est d’aider chaque candidate et chaque sœur à grandir dans toutes ses potentialités humaines et spirituelles afin de réaliser vraiment sa vocation » ; « Aux étapes successives de la vie, une personne est mandatée pour assurer la formation et l’accompagnement des sœurs » ; « En accompagnement spirituel (…) il nous faut, toutefois des personnes expérimentées pour discerner les voies de Dieu dans notre cheminement »[27]

Contrairement à la première génération qui a connu le Père Fondateur et s’est appuyée sur l’expérience personnelle pour l’encadrement et l’accompagnement spirituel des nouvelles candidates, on remarque dans le Directoire de formation, une prise de conscience très forte de la Congrégation, d’un besoin permanent de transformation et de croissance intérieure. De sorte qu’à chaque étape de la vie religieuse (aspirandat, postulat, noviciat, juniorat, professes perpétuelles) une sœur soit mandatée pour l’accompagnement spirituel. On découvre aussi l’importance et le souci d’avoir des personnes expérimentées et bien formées parce qu’il faut pour chaque étape, une nouvelle illumination ou une nouvelle stimulation des membres. 

Face à un monde toujours en mutation, à la complexité de l’être humain, à l’irruption des sciences humaines dans notre culture contemporaine, la parole et l’expérience personnelle de l’accompagnatrice ne suffisent pas. Elle a à apprendre aussi bien des expériences anciennes que modernes pour être lucide sur un certain nombre de points et pour aider une liberté à grandir dans l’amour comme dans la foi. La Congrégation veille aujourd’hui à la formation de ses membres dans le domaine de la formation qui inclut d’office l’accompagnement spirituel. Toutefois, le défi chez les SCJM se résume aujourd’hui dans cette phrase de l’évangile : « la moisson est abondante mais les ouvriers sont peu nombreux » (Cfr. Mt 9,37).

Conclusion

Au terme de ces quelques pages, nous voulons relever quelques accents et points forts dans l’articulation de notre réflexion sur le thème « accompagnement spirituel. Lieu d’écoute et de parole ». Nous avons d’abord relevé le fait qu’accompagner quelqu'un, c'est accueillir et écouter une vie humaine avec toute sa complexité. C’est participer avec l’autre au dévoilement du sens dans ce qu'il vit et recherche. C'est cheminer à ses côtés pour le confirmer dans la direction où il s'engage. Cette démarche requiert pour l’accompagnateur comme pour l’accompagné, humilité, foi, ouverture, confiance et abandon à la seule parole de Dieu qui ouvre le plus sûr chemin pour tous. L’accompagnateur n’est qu’un témoin de l’œuvre du créateur dans sa créature. Ensuite, nous avons fait remarquer que la parole et l’écoute en contexte africain s’appuyaient sur la tradition et la transmission du savoir. Et que l’accompagnement spirituel « traditionnel » des Abbas du désert, semblait se calquer presque sur le mode africain d’accompagnement dans la transmission orale d’expérience et de tradition. Mais au fil de temps, on est passé de la parole orale à celle codifiée dans la Règle de vie. En ce sens, l’écoute est devenue synonyme d’obéissance, non seulement à la parole, mais aussi aux préceptes.  Enfin, en déclinant le thème dans la réalité des SCJM, nous avons mis en évidence le fait que la tâche de l’accompagnement spirituel, hier comme aujourd’hui, s’inscrit dans la tradition de l’Église. Et comme fonction, elle ne s’improvise pas. On en reçoit mandat et elle s’acquiert par une formation sérieuse et reconnue.

                                                                                                                                          Sœur Béatrice TSHILEMBA

 

 

 

[1] LEO SCHERER, s.j. Etre accompagné. Selon différentes traditions spirituelles : Antoine, Thérèse, François, Ignace. In Vie Chrétienne n°328, Edition revue et augmentée de « … si personne ne me guide » (Actes 8,31).

Paris (s.l), 19891, 2013,

[2] Cf. S. LUKUMUENA LUMBALA, Accompagnement spirituel. Kinshasa, Editions Franciscaines – Afrique, 1998, p. 31.

[3] PAPE FRANÇOIS, Exhortation apostolique Evangelii Gaudium, N°117 (24 novembre 2013)  

[4] Ph. KAEPPELIN, L’écoute. Mieux écouter pour mieux communiquer. Partie applications pratiques.

(Collection Formation permanente), Paris, ESF, 1996, p. 11.

[5] Cf.J. ARTAUD, L’écoute. Attitudes et techniques. Lyon, Chronique sociale, 2011, p. 21.

[6] J.-E. DE ENA, L’accompagnement spirituel, un chemin de ressuscités (Lc 24, 13-35). Carmel 109, 2003, pp. 712. 

[7] PAPE PAUL VI, Lettre encyclique Ecclesiam Suam, no 44. (6 août 1964)

[8] JEAN-PAUL II, Entrez dans l’espérance, Plon-Mame, 1994, p. 194. 

[9] Cf. Luc 24, 17. 25 ; Jean 3, 1-10 ; 4, 5-42.

[10] GUY LE BOUEDEC, Spécificité de la posture d’accompagnement, In revue d’éthique et de théologie morale, « Le Supplément 222 », septembre 2002, p. 42.

[11] Polysémie, soit un discours équivoque ou ambigu..

[12] A. CENCINI, Les sentiments du Fils. Le chemin de formation à la vie consacrée. In NRT 127-1 (Coll.

Recherches carmélitaines 4), 20031, Tr. Marie-Philippe Dal BO, o.c.d , Toulouse, Carmel, 2005, p. 255.

[13] J.-F. MALHERBE, Déjouer l’interdit de penser. Essai d’éthique critique. Montréal, Liber, 2005, p. 56.

[14] Il y a une typologie de la parole et la parole a, à la fois, un côté positif et un côté négatif qui est la « malédiction»

[15] AMADOU HAMPATE BA. Ecrivain, historien et traditionnaliste malien (1901-1991), qui fut l’un des principaux défenseurs de la culture orale en Afrique et l’un des premiers à la transmettre par écrit. (Citation n° 60414).

[16] Ils retiennent les faits et les événements importants de leur temps mais aussi des temps passés, que les pères leur ont confiés pour les restituer aux générations futures.

[17] AMADOU AMPATE BA, à l’UNESCO en 1960. Citation n°60413.

[18] Dans l’Antiquité, le recueil le plus célèbre est celui de Plutarque : Apophtegmes des hommes illustres de Sparte (fin 1er siècle).

[19] D. ROGER HOUNGBEDJI, L'écoute. L'Eglise-famille de Dieu, lieu de l'écoute de la Parole de Dieu. In AM 4.2, (2014) pp. 211-226. 

 

[20] LEO SCHERER, s.j., Etre accompagné. Selon différentes traditions spirituelles : Antoine, Thérèse, François, Ignace. Revue et augmentée de « Si personne ne me guide » (Actes 8, 31), 19891. Comme Supplément à la Revue Vie Chrétienne n°328. Paris, Vie Chrétienne, 2013, p 50. 

[21] Cf. La Règle de saint Benoit. (Coll. Sources chrétiennes n°181), Paris, Cerf p. 413. 

[22] La Congrégation des Sœurs de la Charité de Jésus et de Marie, a été fondée en Belgique le 4 novembre 1803 par le Chanoine Pierre-Joseph Triest dans le petit village de Lovendegem, dans le diocèse de Gand. Congrégation religieuse internationale de droit pontifical, elle a pour mission spécifique de révéler à tous, et particulièrement aux démunis et aux marginalisés que « DIEU EST AMOUR ». Partie d’un tout petit commencement à Lovendegem, la Congrégation s’est étendue et développée. Outre la Belgique, la Congrégation rend à présent service dans quinze autres pays répartis dans les continents d’Europe, d’Afrique et d’Asie. Elle compte à présent : 8 Provinces, une Vice-province et 3 Régions. 

[23] Pierre Joseph Triest est né le 31 août 1760 à Bruxelles. Il était le 9ème d’une famille de 14 enfants dont l’aîné Jacques et le cadet Jean Baptiste prêtres. Ordonné prêtre à 26 ans, le 16/06/1786, Pierre Joseph Triest n’avait qu’un désir « être un bon prêtre, se dévouer corps et âme à sa tâche sacerdotale ». Il fut nommé Supérieur Général de la Congrégation en 1806. Il est mort le 24 juin 1836.  

[24] Cette Règle a subi des adaptations au fil du temps. d’abord sous la forme d’un manuscrit de 1816-1820 puis traduite  en français et imprimée à partir de 1833, retravaillée à l’occasion du décret « Quemadmodum » du Pape Léon XIII en 1890, modifiée en 1922 par un chapitre général à cause de la nouvelle législation canonique de

[25] , elle est approuvée par le Pape Pie XI en 1928, avec le MOTU PROPRIO « Ecclesiae Sanctae » (1966) de Paul Vi demandant aux congrégations de se ressourcer et de s’adapter aux besoins contemporains sans pour autant perdre leur identité, le chapitre général de 1968/69 propose d’abord une forma provisoire des constitutions et Statuts. Le texte définitif est élaboré au chapitre général de 1981 mais approuvé en mars 1984.

[26] Le RP. Pierre Joseph Triest pouvait compter sur l’aide de Maria-Theresa Van der Gauwen qui avait été novice dans une abbaye cistercienne de Maagdendale à Audenarde (Belgique) et avait ainsi acquis une certaine expérience de la vie religieuse (avant d’être chassée par la révolution française).  Elle est devenue la première supérieure générale sous le nom de la Mère Placide (1837-1844). Mais la congrégation connaitra une situation particulière, celle d’avoir simultanément un supérieur général (6 au total) à côté d’une sœur supérieure générale (9 au total) de 1836-1958.   

[27] Cf. Constitution et Statut des SCJM, chapitre 6, article 88 § 3 ; Directoire de Formation Initiale 1.3 ; Directives Générales de Formation Continuée 1.7.2.